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L’Afrique lutte contre la désertification

(Février 2001) La désertification est particulièrement grave en Afrique. Les terres arides occupent les deux tiers du continent africain et les trois quarts des terres sèches qui sont utilisées à des fins agricoles ont déjà commencé à devenir moins productives. D’après la 2e Evaluation démographique des régions sèches du Programme des Nations Unies pour le développement, au total 45 % de la population africaine vit dans des régions de terres sèches qui sont prédisposées à la désertification.

Au Kenya, une période de sécheresse de trois ans a fait dépérir les cultures et décimé le bétail, laissant des milliers de personnes sans ressources alimentaires suffisantes. D’après le Projet de gestion des ressources en régions arides qui est une initiative de l’Etat du Kenya, les deux tiers des terres du pays ont été gravement touchés par la sécheresse et plus de 40 % des bovins et jusqu’à 20 % des moutons et des caprins de ce pays ont péri.

En Tanzanie, pays voisin du Kenya, la déforestation généralisée menace de transformer la majorité des forêts du pays en désert. Au début du mois de janvier, le vice-président Omar Ali Juma a attiré l’attention sur l’intensification du problème en soulignant que, chaque année, le pays perd entre 130 000 et 490 000 hectares de terrains forestiers à cause de l’expansion des terrains agricoles et de l’accroissement de la demande en matière de bois de chauffage. Les bergers ont une part de responsabilité dans la détérioration des forêts tanzaniennes car ils déplacent leurs troupeaux des zones arides du nord vers les forêts du sud, riches en végétation et en eau.

Les incendies de forêts peuvent également jouer un rôle dans la dégradation des forêts des régions sèches. Les incendies que l’on allume parfois pour défricher les terrains agricoles, prédisposent le sol à l’érosion et l’expose à la lumière du soleil et autres éléments, ce qui peut modifier sa composition et empêcher les essences forestières qui y poussaient de se régénérer. Les incendies peuvent également mettre en danger les peuplements forestiers voisins à mesure que les animaux brouteurs se déplacent vers de nouvelles zones à la recherche de fourrage, intensifiant ainsi les contraintes exercées sur les ressources de ces zones et entraînant le surpâturage. Les incendies sont la principale cause de la désertification de la région du Sahel en Afrique du Nord, où la dégradation des terres sèches est particulièrement marquée.

En Afrique, la dégradation des terres sèches oblige les habitants qui ne peuvent plus vivre de leurs terres, à aller s’établir dans des zones urbaines. D’après la Division de la population des Nations Unies, la population de Lagos au Nigeria passera de 13,4 millions d’habitants en 2000 à 23,2 millions en 2015, ce qui est en partie dû à l’afflux de collectivités rurales déplacées. Cette tendance peut être constatée dans de nombreuses autres régions arides de par le monde. Et au fur et à mesure que la population de villes qui se trouvent au sein ou à proximité des terres sèches continue d’augmenter, les contraintes exercées sur les ressources hydrologiques limitées augmentent également. David Seckler de l’Institut international de gestion des eaux estime que, d’ici 2025, 1 milliard de personnes vivront dans des pays confrontés à une pénurie absolue de ressources en eau.


April Reese est journaliste indépendante, spécialiste de l’environnement ; elle est basée à Washington.


Pour plus d’infos

Pour tous liens vers les programmes d’action, ainsi que vers les communiqués de presse et les fiches de renseignements sur la désertification et la CLD, allez sur le site Web de la CLD : www.unccd.int/main.php (en anglais).

Pour toutes analyses statistiques et géographiques des populations vivant dans des régions de terres sèches, consultez la 2e Evaluation démographique des régions de terres sèches du PNUD : www.undp.org/seed/unso/pub-htm/dryland-population.pdf (en anglais).