05-06-Putting Citizens at the Heart of Localization_b

Placer les Citoyens au Cœur de la Localisation

By acknowledging the direct link between individuals and public policies, PRB reinforces the relevance of data, showing that every citizen has a stake in decisions grounded in facts.

Ce billet est le deuxième de notre série sur la place des jeunes dans le développement local. Lisez l’introduction de la série ici et le premier billet ici.


Le vocabulaire que nous utilisons dans le secteur de l’aide au développement joue un rôle fondamental dans la conduite du changement, non seulement en influençant les messages, mais aussi les idées, les perceptions et les mentalités. Comme je l’ai évoqué dans la première partie de mon blog, nous devons aller au-delà des notions de communautés et d’acteurs locaux dans notre approche de la localisation et du transfert de pouvoir — et cette influence du langage en est une raison essentielle.

En choisissant certains termes, les acteurs de l’aide au développement influencent la manière dont les idées sont comprises, adoptées et mises en œuvre. Ce rôle du vocabulaire dépasse les mots eux-mêmes: il contribue à orienter les actions, les priorités et les comportements à l’échelle collective.

A PRB, en plaçant les citoyens — quel que soit leur rôle dans la société — au centre de notre approche, nous mettons l’accent sur la responsabilité à la fois individuelle et collective.

Ce faisant, nous créons des espaces de dialogue politique qui s’adressent directement à chaque personne en tant que détenteur de droits et partie prenante des politiques publiques. Nous concevons des outils accessibles et adaptés aux contextes de vie de chacun afin d’aider les citoyens à comprendre les informations qui influencent les décisions qui les concernent, et à être reconnus comme des participants actifs de la société, plutôt que comme membres d’une “communauté” homogène.

En reconnaissant le lien direct entre les individus et les politiques publiques, PRB renforce la pertinence des données, montrant que chaque citoyen a un intérêt direct dans des décisions fondées sur des faits. Cette connexion est au cœur de mon engagement dans le travail que je mène au sein de l’organisation.

Nous aidons les décideurs à adopter une perspective centrée sur les personnes, en mettant l’accent sur les individus plutôt que seulement sur des groupes ou des communautés. Nous promouvons un accès équitable à l’information, affirmant que chacun a le droit de connaître et de comprendre les données qui sous-tendent les politiques publiques. Cette approche favorise un engagement plus large et mieux informé dans les politiques basées sur des données probantes, pour un impact significatif et durable. L’engagement de PRB dans cette approche est un facteur clé du succès de notre partenariat avec le Consortium pour la recherche en économie générationnelle (CREG) en Afrique de l’Ouest.

Le secteur de l’aide au développement devrait placer les citoyens au cœur de la localisation.

Lorsque nous, professionnels du secteur de l’aide, utilisons les termes acteurs locaux, membres de la communauté ou communautés au lieu de citoyens, dans le contexte de la localisation et du transfert de pouvoir, nous risquons de compromettre les profondes transformations que ces concepts cherchent à provoquer. Ces termes collectifs regroupent des individus sous une identité commune, ce qui peut diluer leur responsabilité et leur autonomie en tant qu’acteurs politiques, et les positionner comme des bénéficiaires passifs de décisions prises au nom du groupe. C’est précisément ce que la localisation et le transfert de pouvoir cherchent à éviter !

Le mot communauté est rarement utilisé dans le langage de la participation démocratique ou politique, en particulier en Afrique francophone, où le terme citoyen est essentiel pour désigner les droits politiques individuels et la participation démocratique. En excluant le terme citoyen, les initiatives de localisation et de transfert de pouvoir risquent de renforcer l’idée que le développement est une démarche extérieure, déconnectée des droits démocratiques des individus et des dynamiques politiques nationales.

Pour qu’un véritable transfert de pouvoir ait lieu, il est essentiel d’adopter un langage qui reconnaît les individus comme des citoyens actifs et responsables — détenteurs de droits politiques et de pouvoir décisionnel.

Cette reconnaissance ancre la prise de décision au niveau local et favorise une appropriation réelle des politiques publiques.

En conservant le vocabulaire programmatique des communautés et des acteurs locaux, les organisations d’aide perpétuent une approche interventionniste qui leur permet d’ignorer délibérément les cadres et dynamiques politiques propres aux pays où elles opèrent. Cela contribue à une vision fragmentée du développement, dans laquelle trop peu d’organisations cherchent à comprendre les interactions politiques et programmatiques qui façonnent réellement le changement.

Combien d’acteurs de l’aide internationale prennent le temps de comprendre la complexité des rapports de pouvoir, des politiques nationales et des structures locales de prise de décision qui conditionnent le succès d’un projet ? En omettant cette compréhension essentielle, les organisations risquent de proposer des solutions isolées, déconnectées des réalités politiques et sociales des populations qu’elles servent, et de passer à côté des transformations profondes qu’elles cherchent à encourager.

Notre rôle à PRB est d’aider les autres à raconter leur histoire et à utiliser les données pour agir de manière autonome, de mettre la recherche et les connaissances au service des initiatives locales, et de préparer un avenir où les décisions seront fondées sur des informations contextualisées et pertinentes pour les besoins des populations. En définitive, cette approche reflète mon engagement, et celui de PRB, à faire en sorte que les données que nous produisons et diffusons aient un impact significatif et durable sur les politiques publiques.

En intégrant les principes de la localisation dans son travail, PRB vise à soutenir les citoyens, les organisations locales et les décideurs locaux dans leurs efforts pour renforcer leur autonomie et contribuer directement à un développement plus équitable et plus durable.

 

Lecture complémentaire

Pour en savoir plus sur ce sujet, consultez les ressources suivantes :

  1. Rose Maruru, « De l’engagement à la pratique : Comment la localisation se fait-elle localement ? », EPIC-Africa. Also available in English: “From Commitment to Practice: How is Localisation Doing Locally?”, Global Partnership for Effective Development Co-operation, Aug. 16, 2023. (Rose Maruru is the founder of the Dakar-based EPIC-Africa, which seeks to enhance philanthropic impact by filling critical data and capacity gaps in the philanthropic market infrastructure in Africa.)
  2. Adama Coulibaly, « Décoder les mots-clés du développement : Comprendre la signification de la localisation et de la décolonisation, » EPIC-Africa. Also available in English: “Decoding Development Buzzwords: Understanding the Meaning of Localization and Decolonization.” (Adama Coulibaly is Global Programs Director, Oxfam International.)
  3. Abdoul Karim Saidou, « La participation citoyenne dans les politiques publiques de sécurité en Afrique : analyse comparative des exemples du Burkina Faso et du Niger, » International Development Policy | Revue internationale de politique de développement 11, no. 1 (2019). Also available in English: “Citizen participation in public security policies in Africa: a comparative analysis of the examples of Burkina Faso and Niger.”
  4. World Bank, Engaging Citizens for Better Development Results (Independent Evaluation Group, Washington, DC: World Bank, 2018).
  5. Michel Maietta, “Shifting the Power: A Few Hard Truths on Localisation,” Inter-Agency Research and Analysis Network.
  6. Coopération Canada, Le transfert de pouvoir au sein de la coopération internationale : Etablir des liens (2023). Also available in English: Cooperation Canada Shifting Power in International Cooperation.
  7. Dylan Mathews, “Localization, Decolonizing and #ShiftThePower: Are We Saying the Same Thing?” June 14, 2022.
  8. Localisation and Decolonisation: the difference that makes the difference, Peace Direct (2022).
  9. Beyond the buzzwords: how can we fix localisation to shift power in humanitarian aid? September 3, 2024, Dr Hamid Foroughi, Dr Paul R Kelly
  10. Andrea Cornwall, Karen Brock – Beyond Buzzwords: “Poverty Reduction”, “Participation” and “Empowerment” UNRISD Nov 2005
  11. Localization at USAID: the vision and approach, August 2022.
  12. TIME Initiative: Landscape Analysis (2023).
  13. Dr. Allysha C. Maragh-Bass, Dr. Tamar Chitashvili – Language Matters: Core Concepts in Equity-Based Reform in Global Development.
  14. Moses Isooba, How Use of Language Can Breathe Life into Localization, July 2024. Moses Isooba is head of the Uganda National NGO Forum and a member of Re-Imagining the International NGO (RINGO).