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Intérêt porté à la santé reproductive des adolescents à la Jamaïque

(Mai 2003) Les succès sont réels, mais ils semblent petits en comparaison du travail : atteindre le demi-million d’adolescents1 qui forme les quelque 20 % de la population de 2,5 millions de cette île et leur permettre d’adopter des styles de vie sexuelle plus sains.

La sexualité précoce, associée à un manque d’informations pertinentes, de services et de connaissances pour éviter des situations à risque, expose les adolescents (le plus souvent répertoriés comme les jeunes de 10 à 19 ans) au risque de grossesses non planifiées, d’infections sexuellement transmissibles (IST), y compris le VIH, et autres menaces à l’égard de leur santé sexuelle et reproductive.

Au cours de la dernière décennie, plusieurs études effectuées à la Jamaïque ont repéré un certain nombre de facteurs de risque pour les jeunes, notamment la multiplicité des partenaires sexuels, la violence sexuelle et l’absence d’informations sur la santé reproductive2.

Surmonter certains problèmes difficiles

Les recherches révèlent que les adolescents du pays entament leur activité sexuelle à un âge précoce. D’après des études réalisées depuis le milieu des années 1990, l’âge moyen des adolescents à leur premier acte sexuel se situe aux alentours de 13 ans pour les garçons et 15 ans pour les filles3. Quarante pour cent des femmes jamaïcaines ont été enceintes au moins une fois avant l’âge de 20 ans et plus de 80 % des grossesses adolescentes ne sont pas planifiées4.

L’activité sexuelle précoce accroît aussi les risques de contracter le VIH et autres IST. Le rapport 2002 sur la situation du SIDA à la Jamaïque, publié par le Ministère de la Santé, signale que près d’un cas de SIDA sur 60, pendant la période de 1982 à la fin de 2001, concernait des jeunes de 10 à 19 ans. Pendant 2001, 69 nouveaux cas concernaient la tranche d’âge de 15 à 24 ans, soit 7,4 % du total. Aussi, les adolescentes âgées de 10 à 14 ans et de 15 à 19 ans étaient deux et trois fois plus exposées au risque de contracter le VIH, respectivement, que les garçons des mêmes tranches d’âge5.

“Ceci résulte de facteurs sociaux, les jeunes filles ayant des rapports sexuels avec des hommes plus âgés infectés au VIH”, souligne le rapport.

Le recours irrégulier au préservatif aggrave les risques pour les garçons. L’Enquête sur le recours des adolescents au préservatif effectuée en l’an 2001 révèle que 41 % des garçons de 15 à 19 ans sexuellement actifs sont plus exposés au risque d’infection par les IST, parce qu’ils ont eu plus d’un partenaire au cours de l’année précédente et n’ont pas employé régulièrement de préservatif. L’enquête constate également que, si 86 % environ des adolescents étaient au courant du VIH/SIDA, 11 % seulement des jeunes hommes de 15 à 19 ans se sentaient personnellement concernés.

Toujours d’après l’enquête, qui constitue l’étude la plus récente à l’échelle insulaire sur l’utilisation de la contraception chez les adolescents sexuellement actifs, 74 % des jeunes de 15 à 19 ans et près de 10 % des jeunes de 10 à 14 ans ont signalé qu’ils étaient sexuellement actifs. Le recours à une méthode contraceptive était relativement faible chez les garçons de 15 à 19 ans lors du premier acte sexuel (31 % en comparaison de 59 % pour les filles), mais il était passé à 68 % avec le dernier acte sexuel pris en compte dans l’étude.

Si les adolescents plus âgés avaient généralement plus de connaissances sur les méthodes de prévention des IST, ce n’était pas le cas des adolescents plus jeunes. Quelque 88 % des adolescents de 15 à 19 ans ont cité le préservatif comme moyen de prévention d’une infection, contre 57 % pour les jeunes de 10 à 14 ans.

Pour aborder les problèmes de la santé reproductive chez les jeunes, les organisations gouvernementales et non gouvernementales (ONG) ont diffusé des messages positifs, formé des prestataires de soins, des pairs et autres piliers importants de la communauté et ont aussi pris des mesures pour améliorer le contexte politique.

Améliorer le contexte politique

La décentralisation du système de santé de la Jamaïque a récemment limité le rôle de l’Office national de la planification familiale (NFPB), l’organisme public chargé d’élaborer, de promouvoir et de mettre en œuvre des programmes de planning familial et d’activités démographiques dans l’ensemble du pays. Néanmoins, le NFPB s’approvisionne en contraceptifs et les distribue aux services de santé publique, articule la politique et la formation avec les autres organismes publics et fournit des informations, principalement à travers son service quotidien de conseil par téléphone et de visite sans rendez-vous, son téléphone rouge automatisé, ainsi qu’à travers quelques activités limitées de vulgarisation sur demande.

“Un de nos principaux objectifs stratégiques est de faciliter l’accès des adolescents aux informations et aux services de santé reproductive”, explique Olivia McDonald, directrice exécutive du NFPB. “Nous sommes plus ou moins responsables de l’initiative pilote qui cherche à mettre en place une politique d’accès des jeunes de moins de 16 ans à la contraception”.

L’âge légal de consentement, à la Jamaïque, est de 16 ans, rendant illégal la prestation de services de santé contraceptive aux adolescents qui n’ont pas atteint cet âge, même quand il est admis qu’ils sont sexuellement actifs. En outre, bon nombre de prestataires se refusent à fournir des services aux adolescentes qui ne sont pas enceintes et qui n’ont pas atteint 18 ans, l’âge légal de la majorité.

Une nouvelle mesure politique soumise à l’examen et à l’approbation du Parlement propose des directives qui permettraient aux prestataires de conseiller les filles de moins de 16 ans sexuellement actives, de leur prescrire des contraceptifs médicaux s’il n’est pas possible de les convaincre de s’abstenir de rapports ou d’obtenir l’intervention d’un adulte proche, ou à celles qui sont jugées suffisamment mûres pour comprendre les implications de l’activité sexuelle. La contraception chirurgicale, comme Norplant ou la stérilisation, nécessitera néanmoins le consentement d’un parent ou d’un tuteur.

Les directives Accès aux méthodes de contraception recommandent aussi que les infirmières, les médecins et autres prestataires qui ne sont pas l’aise quand il s’agit de prendre de telles décisions – pour des prétextes d’ordre soit moral soit juridique – transmettent ces cas à d’autres agents de santé.

Un projet de politique nationale à l’intention de la jeunesse, élaboré par le Centre national pour le développement de la jeunesse, recoupe les directives Accès aux méthodes de contraception mais n’aborde pas la santé reproductive des adolescents. L’élaboration d’une politique sur la santé reproductive des adolescents a été examinée mais, à ce stade, elle n’a pas été poursuivie.

Améliorer les services à l’intention des jeunes

Les initiatives du gouvernement destinées à améliorer la santé reproductive des jeunes sont déployées par Youth.now, projet national sur la santé reproductive des adolescents qui est soutenu par l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID). En cours d’exécution depuis le début de l’an 2000, Youth.now collabore avec des organisations publiques et non gouvernementales, notamment le Ministère de la Santé, le NFPB et le Centre national pour le développement de la jeunesse.

Le projet opère dans neuf des 14 paroisses de la Jamaïque – les principales divisions administratives de l’île. Le projet expérimente dans divers sites des approches qui peuvent encourager les adolescents à avoir recours aux centres de santé du secteur public pour obtenir des conseils ainsi que pour répondre à leurs besoins cliniques, notamment la contraception et le traitement des IST.

D’après Pauline Russell-Brown, chef de mission à Youth.now, l’environnement est prêt à accepter des changements. “Les individus voient les avantages de permettre aux jeunes de mener une vie sexuelle saine … et nous enregistrons des succès ; les communautés des paroisses où nous travaillons manifestent leur enthousiasme”.

Youth.now est en train d’expérimenter et d’évaluer cinq approches pour fournir des services de santé reproductive adaptés aux besoins des jeunes, par le biais d’ONG6 ou d’établissements appartenant au secteur public. Ces établissements ont été progressivement introduits au cours des deux dernières années et ils adhèrent aux approches suivantes :

  • Un modèle de centre de bonne santé, offrant des installations d’exercice physique pour attirer les jeunes gens ainsi que des services de planning familial et autres ;
  • Un centre de santé publique autonome qui conduit régulièrement des activités de vulgarisation dans les écoles et les communautés avoisinantes ;
  • Une opération conjointe avec l’ONG Children First, afin de fournir des services de santé reproductive aux jeunes, assortis d’activités de formation, de soutien communautaire et de tutorat ;
  • Un programme mené en conjonction avec l’YMCA de la capitale de Kingston, pour fournir à plus de 100 garçons de la rue des conseils et une éducation en santé reproductive, ainsi que des préservatifs – dans le cadre d’un plan plus vaste visant à soutenir les activités d’éducation parentale et d’animation par des pairs; et
  • Des programmes mettant en rapport les écoles et les centres de santé dans deux localités de la paroisse de Sainte Elizabeth, dans le sud-ouest, et dans un autre endroit par le biais d’une ONG partenaire, à Kingston. Le conseiller, l’infirmière scolaire ou l’éducateur pair discute en large des services disponibles aux centres de santé ainsi que des questions liées à la santé reproductive.

Depuis longtemps, les jeunes évitent les centres de santé qui dispensent des services de santé reproductive, malgré leur emplacement généralement commode. Une étude effectuée récemment énumère un certain nombre de problèmes que les jeunes ont signalés au niveau de ces centres7. Ils ont signalé l’absence de propreté, l’absence d’intimité, en particulier pour l’obtention de conseil sur les IST, et la froideur du personnel à l’égard des jeunes, notamment des jeunes sexuellement actifs. Aussi, le système d’accueil des clients, en leur remettant un numéro dans l’ordre d’arrivée, au lieu de donner des rendez-vous, leur déplaisait. Les centres de santé ont reçu la note d’évaluation la plus basse, 1, sur une échelle allant de 1 à 10.

“Les médecins privés sont considérés comme ceux qui fournissent les meilleurs services mais leur accès est particulièrement difficile en raison de leur coût”, constatait l’enquête.

Certains adolescents ont l’impression que les prestataires de soins sont plus disposés à recevoir les garçons que les filles, traduisant par là une opinion sociale suivant laquelle les garçons et les jeunes hommes doivent “jeter leur gourme”, alors que les filles et les jeunes femmes doivent bien se comporter. D’après une étude réalisée en 1996, des prestataires de soins ont déclaré qu’ils donnaient des préservatifs aux garçons et conseillaient aux filles l’abstinence8. Depuis longtemps, ce n’est qu’une fois que les filles tombent enceintes que leur visite au centre de santé est considérée comme justifiée.

Les adolescents préfèrent les boutiques pour se procurer des préservatifs, pour des raisons de respect de l’intimité et de la confidentialité. D’après l’enquête, Adolescent Condom Survey (Recours des adolescents au préservatif), plus de 55 % des jeunes hommes achetaient des préservatifs dans une pharmacie ou une boutique alors que beaucoup d’autres les obtenaient de camarades.

“Ils ne se rendent pas aux dispensaires même s’ils peuvent les y obtenir gratuitement”, déclare Olivia McDonald, du NFPB. “Je suppose que dans les dispensaires, on ne les laisse pas simplement sur des tables à la disposition des jeunes et que ces derniers ne vont pas s’y rendre pour en demander”. Elle recommande de privilégier la commercialisation sociale des préservatifs et le ciblage des adolescents au niveau communautaire.

Pauline Russell-Brown, de Youth.now, affirme qu’un grand nombre d’adultes ne reconnaissent pas que rares sont les jeunes qui consultent simplement un prestataire pour un problème de santé reproductive. “Ils viennent pour une question sur un problème cutané ou autre. Mais un prestataire qualifié peut en réalité découvrir, dans la conversation – et il ne s’agit pas encore d’une séance de conseil – des questions qui sont liées à la santé reproductive”.

À l’heure actuelle, les mères adolescentes constituent le principal groupe d’adolescents qui utilisent les établissements du secteur public. La Women’s Centre Foundation (Fondation du centre féminin) de la Jamaïque, qui est financée par le gouvernement et divers organismes internationaux, est l’établissement où les adolescentes préfèrent se rendre pour obtenir des services de contraception après avoir accouché. La fondation aide les filles de moins de 18 ans à poursuivre leur éducation pendant la grossesse et à retourner à l’école le plus rapidement possible. Elle apporte d’autres formes de soutien aux filles, à leurs parents, à leurs bébés et aux “pères”.

Former les prestataires de services

La formation est un thème important des efforts visant à améliorer les soins de santé reproductive à l’intention des adolescents. Des groupements de base composés de quelque 20 individus, comprenant des prestataires cliniques, des parents et des personnes travaillant avec des groupes de parents, de pasteurs, de pairs et d’hommes, ont reçu une formation intensive axée principalement sur la compréhension de leur propre sexualité de manière à être en mesure de faire face aux questions soulevées par les adolescents. Par la suite, les personnes ayant reçu cette formation ont dispensé cette formation dans leurs propres communautés et beaucoup d’entre eux figuraient dans un registre de formateurs à la disposition des populations locales. Pauline Russell-Brown affirme que ce projet a, avec le temps, enregistré une “augmentation énorme” des demandes d’assistance en matière de formation.

Le personnel des centres de santé – médecins, infirmières, mais aussi gardiens et concierges qui contrôlent souvent l’accès aux soins – sont actuellement formés à instaurer un environnement qui répond aux besoins des jeunes, prenant en compte les problèmes mentionnés par ces derniers. Dans un effort pour protéger davantage l’intimité des jeunes, des assistants et auxiliaires dentaires, qui voient régulièrement les enfants scolarisés et à qui ces derniers font souvent part de confidences, sont aussi en train d’être formés à fournir des conseils en matière de santé reproductive.

Cette année, un second centre de services adaptés aux besoins des jeunes a été ouvert à Lucea, dans la paroisse occidentale de Hanover, où une bonne part du personnel de l’ensemble de la paroisse a déjà reçu une certaine formation. Le premier centre de ce type a été ouvert au début de 2001 dans le sud-est de la Jamaïque. Ailleurs, notamment dans les paroisses de Clarendon et de Sainte Elizabeth, des médecins-hygiénistes – les directeurs de la santé – ont demandé à Youth.now de mettre au point des activités de formation et d’orientation de base à l’intention de tous les types de personnel afin que tous les établissements des paroisses puissent offrir certains services aux jeunes.

Le projet est-il donc de certifier que les dispensaires répondent aux besoins des jeunes ? Comme le déclare Pauline Russell-Brown, Youth.now a collaboré avec des partenaires pour définir des normes et critères, qui pourraient servir d’instruments de gestion utiles, afin que les services répondent aux besoins des jeunes. Elle ajoute cependant que toute décision sur la certification des dispensaires incombe à la division Assurance de qualité du Ministère de la Santé. Sa préoccupation la plus importante est d’assurer l’amélioration des attitudes des prestataires de soins, au sein des communautés et à l’égard des jeunes.

Répondre aux besoins d’informations

Développer la communication avec les adolescents a été un autre thème important de la stratégie visant à aider ces derniers à adopter des modes de vie plus sains. Un partenaire de Youth.now, Dunlop Corbin Communications, a dirigé une campagne de médias qui a diffusé des messages distincts suivant les tranches d’âge. Le message s’adressant aux jeunes de 10 à 12 ans recommandait l’abstinence et, sinon, le préservatif. Le message s’adressant aux jeunes de 16 à 19 ans recommandait le préservatif. Et tous les messages, diffusés par une large gamme de médias, invitaient les jeunes à obtenir des conseils en utilisant le téléphone rouge “Friend’s Hotline”, mis en place par la Fondation de la Jamaïque pour les enfants.

Afin de vérifier l’efficacité de la campagne, une enquête de suivi a été menée en septembre 20029. L’enquête a constaté que 82 % des adolescents (et 90 % des adultes) se rappelaient la campagne, 49 % des adolescents affirmant que leurs opinions et leur comportement étaient affectés par ces messages. Le message d’abstinence résonnait le plus vivement chez les jeunes femmes et les jeunes de 10 à 12 ans. Le message sur les rapports sexuels sans risque par le recours au préservatif était le mieux reçu chez les jeunes hommes, en particulier ceux de la tranche plus âgée.

Il est difficile de savoir si les messages se traduiront par un changement des statistiques sur le comportement dans la prochaine série d’enquêtes. Seulement 15 % environ des filles de 15 à 19 ans et 5 % des garçons considèrent que l’abstinence est une méthode de contraception pertinente pour les jeunes. Le préservatif et la pilule sont les méthodes préférées10.

Néanmoins, Olivia McDonald souligne que l’information et la communication sont la clé à l’amélioration de la santé reproductive des adolescents. Elle veut que l’accent soit mis sur les parents, les prestataires et les élèves, qui pour la plupart bénéficient du programme du ministère, Education en matière de santé et de vie familiale. Les critiques prétendent que ce programme n’est pas suffisamment spécifique, qu’il s’adresse aux enfants trop tard (pour ce qui est de l’âge) et qu’il est enseigné par des instructeurs qui se sentent mal à l’aise de parler de ce thème.

Dans un autre effort pour fournir des informations aux adolescents, l’Office de la planification familiale a piloté un magazine de télévision d’une demi-heure, qui fait appel à des animateurs adolescents et s’accompagne de musique populaire. Environ 13 épisodes de “Teen Scene” (Scène de l’adolescence) ont été produits, avec des crédits du budget national. Toutefois, le budget de production restreint limite la diffusion du programme d’une demi-heure aux samedis après-midi pendant les mois d’été et les vacances de Noël. L’emploi du préservatif, la contraception en cas d’urgence et le comportement sexuel sont parmi les thèmes examinés dans ce programme.

D’autres documents éducatifs sont en cours d’élaboration, notamment une série de feuilles d’information que Youth.now est en train de préparer au service de l’éducation publique et de ses partisans dans les paroisses. Ces feuilles d’information condensent et simplifient une part du gros volume d’informations sur la santé reproductive rassemblées à la Jamaïque au cours des ans.

“Nous ne pourrons jamais combler le besoin en informations”, fait valoir Olivia McDonald.

Mesurer le succès

L’ampleur et la poursuite des recherches existantes sont impressionnantes. Néanmoins, des critiques sont exprimées. Marjan de Bruin, directrice suppléante du Caribbean Institute of Media & Communication (CARIMAC, Institut caribéen des médias et communications), à l’Université des Indes occidentales, met en doute que les recherches existantes traduisent les dimensions multiples du comportement sexuel à haut risque. De Bruin prétend que pour la majorité, les recherches se concentrent sur l’acte sexuel même et ne situent pas le comportement sexuel à risque dans son contexte culturel ni ne tiennent compte de ses significations sociales, économiques et politiques11.

Avec tant de questions et d’initiatives interdépendantes, un défi qu’il importe de relever est comment estimer les succès et les chances de succès, en particulier compte tenu des exigences concurrentes de l’économie depuis longtemps stagnante de la Jamaïque.

Malgré les défis futurs, Pauline Russell-Brown voit des points positifs. Elle est visiblement satisfaite des résultats des évaluations récentes du Balaclava Health Centre, situé en milieu rural dans la paroisse de Sainte Elizabeth, le premier centre adapté aux besoins des jeunes, dont l’activité a été entamée en mars 2001.

“Nous avons remarqué l’an dernier que le nombre d’adolescents ayant recours aux services de santé en général – pas simplement au planning familial – avait plus que doublé”, affirme-t-elle. “Quant au planning familial, il avait augmenté de près de 60 %. Et la première chose que le personnel a mentionnée était en effet son changement d’attitude.” Pour ce qui est des adolescents, ont affirmé certains membres du personnel, “nous les traitons différemment ; notre attitude est différente à leur égard. Et ils se sentent plus à l’aise de venir nous parler – quel que soit le sujet, pas simplement les questions de santé reproductive”, fait remarquer Pauline Russell-Brown.

Mais comment son projet évaluera-t-il son succès ?

“Pour nous, le succès voudra dire que nous commencerons à observer une baisse des nouveaux cas d’IST, car la propagation de ces infections fait peur. Ce que nous savons, c’est que le taux d’infection augmente le plus rapidement chez le groupe des adolescents … des questions que le projet ne peut pas résoudre à court terme.”

Elle ajoute : “Le succès, pour nous, sera de continuer à observer une augmentation du nombre de jeunes qui se rendent aux établissements de santé, quelle qu’en soit la raison, à observer dans l’Enquête de 2007 sur la prévalence contraceptive une augmentation du nombre de jeunes qui nous diront que leur première grossesse avait été planifiée”12.


Suzanne Francis Brown est rédactrice free-lance et consultant en communications, installée à Kingston, Jamaïque.


Références

  1. Statistical Institute of Jamaica, “Total population by age group”
    (STATIN 2001), consulté en ligne à www.statinja.com/stats.html, le 17 avril 2003. Il se dégage de ce rapport que la tranche des 10 à 14 ans comprenait 267.000 personnes et la tranche des 15 à 19 ans 243.700. (Note : D’après le Rapport démographique 2001, la tranche de population des 10 à 19 ans regroupait 497.909 personnes.)
  2. Hope Enterprises, Report of the national knowledge, attitudes, behaviour & practices survey year 2000 (Kingston, Jamaïque : Hope Enterprises, 2001). L’enquête indique que 54 % des interviewés du sexe masculin âgés de 15 à 19 ans avaient eu plusieurs partenaires dans les 12 mois précédents, de même que 16,5 % pour le groupe des filles. L’Enquête sur le recours des adolescents au préservatif, réalisée en 2001, constatait que 4,7 % jeunes hommes de 15 à 19 ans et 11,7 % des jeunes filles avaient fait l’objet de coercition lors de leur premier acte sexuel, et que 14,5 % des garçons et 28,5 % des filles avaient fait l’objet de coercition dans le passé. L’évaluation de la connaissance en santé sexuelle et reproductive, telle qu’elle est mesurée dans l’étude de référence (2001) réalisée par l’Unité de gestion Formation avancée et Recherche en matière de fécondité, dans la paroisse de Sainte Elizabeth, révélait que plus de 85 % des adolescents étaient au courant de la contraception, mais que peu y avaient eu recours lors de leur premier acte sexuel. Des études ont également examiné la présence parentale à domicile, la fréquentation de services religieux et de clubs, ainsi que les supports de développement, comme la sensibilisation individuelle, les aptitudes de communication et les systèmes à vocation sociale.
  3. Hope Enterprises, Report of the adolescent condom survey Jamaica, 2001 (Kingston, Jamaïque : Hope Enterprises, août 2001). L’étude constatait que la moyenne d’âge lors de la première expérience sexuelle des adolescents de 15 à 19 ans était de 13,2 ans chez les garçons et de 15,2 ans chez les filles. Il convient de prendre en compte l’environnement social – les garçons peuvent avoir l’impression qu’ils s’attirent l’estime sociale en signalant une activité sexuelle précoce et les filles une activité sexuelle plus tardive.
  4. Elizabeth Eggleston, Jean Jackson et Karen Hardee, “Sexual attitudes and behavior among young adolescents in Jamaica”, Family Planning Perspectives 25, no 2 (juin 1999), consulté en ligne à www.guttmacher.org/pubs/journals/2507899.html, le 17 avril 2003.
  5. Ministère jamaïcain de la Santé, Programme national de prévention et de contrôle du VIH/IST, Facts and figures : Jamaica AIDS report, 2001, consulté en ligne à www.jamaicanap.org/aids2002.htm, le 17 avril 2003.
  6. National Centre for Youth Development, Adolescent and youth-serving organisations in Jamaica : results from the youth programmatic inventory survey of the national centre for youth development (Kingston, Jamaïque : National Centre for Youth Development, 2002). Un inventaire de 141 organisations au service des jeunes constatait que les jeunes représentaient 24 % des clients, que les deux tiers des services à l’intention des jeunes s’adressaient aux jeunes femmes, pour la majorité au-dessus de 15 ans. L’enquête concluait que 23 % des organisations qui se concentraient sur les jeunes étaient des ONG.
  7. Cate Lane et al., Nine-tenths of reality (Kingston : Youth.now, mai 2002).
  8. Carmen McFarlane et al., The quality of Jamaica public sector and NGO family planning services : perspectives of providers and clients (Research Triangle Park, Caroline du Nord : Family Health International, 1996).
  9. Hope Enterprises, Youth.now advertising recall survey (Kingston : Hope Enterprises, septembre 2002).
  10. Hope Enterprises, A report of the adolescent condom survey Jamaica, 2001.
  11. Marjan de Bruin, Teenagers at risk (Kingston : Youth.now, 2002).
  12. C.P. McFarlane et al., Reproductive health survey 1997, Jamaica : final report (Atlanta : Centers for Disease Control and Prevention, 1999). Environ 13 % des mères de 15 à 19 ans qui ont accouché dans les cinq dernières années ont dit que la naissance avait été planifiée.
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Small Successes, Big Ideas — Jamaica's Adolescent Reproductive Health Focus

(May 2003) The successes are real, but they’re small compared to the task: reaching the half-million adolescents1 who form some 20 percent of this island’s 2.5 million population and enabling them to adopt healthier sexual lifestyles.

Early sexual activity, combined with a lack of relevant information, services, and skills to avoid risky situations, place adolescents (most often classified as young people ages 10 to 19) at risk of unintended pregnancies, sexually transmitted infections (STIs), including HIV, and other threats to their sexual and reproductive health.

Several studies over the past decade in Jamaica have identified a number of risk factors for these young people, including multiple partners, sexual abuse, and a lack of reproductive health information.2

Facing Some Troublesome Issues

Research shows that the country’s adolescents begin sexual activity at early ages. Studies conducted since the mid-1990s put the mean age of initiating sexual activity at around 13 years for boys and 15 years for girls.3 Forty percent of Jamaican women have been pregnant at least once before age 20, and more than 80 percent of adolescent pregnancies are unplanned.4

Early sexual activity also increases the risks of exposure to HIV and other STIs. The Ministry of Health’s Jamaica AIDS Report 2002 notes that close to one out of 60 AIDS cases between 1982 and the end of 2001 were ages 10 to 19. During 2001, there were 69 new cases for the 15 to 24 age group, 7.4 percent of the total. Also, adolescent females ages 10 to 14 and 15 to 19 had two and three times the risk of HIV infection, respectively, than boys of the same age group.5

“This is as a result of social factors, whereby young girls are having sexual relations with HIV-infected older men,” notes the report.

Irregular use of condoms heightens the risks for boys. The Adolescent Condom Survey 2001 shows that 41 percent of sexually active boys ages 15 to 19 are at higher risk of contracting STIs, because they had more than one partner in the previous year and did not consistently use condoms. The survey also found that while some 86 percent of adolescents knew about HIV/AIDS, only 11 percent of young men ages 15 to 19 perceived themselves to be at personal risk.

According to the survey, the most recent island-wide study of contraceptive use among sexually active adolescents, 74 percent of youths ages 15 to 19 and close to 10 percent of those ages 10 to 14 reported being sexually active. Contraceptive use was relatively low for boys ages 15 to 19 at the first sexual encounter (31 percent, compared with 59 percent for girls), but usage increased to 68 percent at the last sexual encounter.

While older adolescents generally had some knowledge of how to prevent STIs, younger ones were less aware. Some 88 percent of teens ages 15 to 19 cited condoms as a way to prevent infection, compared with 57 percent of those 10 to 14.

In addressing reproductive health challenges among youth, the government and nongovernmental organizations (NGOs) have communicated positive messages; trained health care providers, peers, and other important pillars of the community; and have taken steps to improve the policy environment.

Improving the Policy Environment

Decentralization within Jamaica’s health system has recently limited the role of the National Family Planning Board (NFPB), the agency mandated to prepare, promote, and carry out family planning and population-related programs in the country. Nevertheless, the NFPB is sourcing and supplying contraceptives to the public health system; linking with other agencies on policy and training; and providing information, mainly through its daily call-in, walk-in counseling service, its automated hotline, as well as limited outreach on request.

“One of our broad strategic objectives is to expand access to reproductive health information and services to adolescents,” explains Olivia McDonald, executive director of the NFPB. “We are more or less responsible for the lead initiative in trying to get a policy in place for access to contraception to people under 16 years.”

The legal age of consent in Jamaica is 16 years, making it illegal to supply contraceptive services to younger teenagers, even when they are admittedly sexually active. In addition, many providers balk at providing services to nonpregnant teens less than 18 years, the legal age of majority.

A new draft policy sent to Parliament for consideration and approval offers guidelines that would enable providers to counsel and prescribe medical contraceptives for sexually active girls under 16 years who cannot be persuaded to become abstinent or to involve an adult caregiver and who are deemed mature enough to understand the implications of sexual activity. Surgical contraception, such as Norplant or sterilization, would still require the consent of a parent or guardian.

The Access to Contraceptives guidelines also recommend that nurses, doctors, and other providers uncomfortable with making such decisions — whether on moral or legal grounds — refer these cases to other health care workers.

A draft national youth policy, developed by the National Centre for Youth Development, overlaps with the Access to Contraceptives guidelines but does not address adolescent reproductive health. The development of an adolescent reproductive health policy has been discussed but, so far, not pursued.

Enhancing Services for Young People

Government initiatives aimed at improving young people’s reproductive health are spearheaded by Youth.now, the national adolescent reproductive health project that is supported by the U.S. Agency for International Development (USAID). Underway since early 2000, Youth.now works in conjunction with state and nongovernmental organizations, including the health ministry, the NFPB, and the National Centre for Youth Development.

The project is working in nine of Jamaica’s 14 parishes — the island’s major administrative units. At various sites, the project is testing approaches that may encourage adolescents to use public sector health centers for counseling as well as clinical needs, including contraception and STI treatment.

The environment is ripe for change, according to Pauline Russell-Brown, chief of party at Youth.now. “People see the benefits of enabling young people to lead healthy sexual lives … and we are seeing success; there’s enthusiasm at the community level in those parishes where we’re working.”

Youth.now is testing and evaluating five approaches to delivering youth-friendly reproductive health services, through NGOs6 or public-sector facilities. These facilities have been phased in over the past two years and support the following approaches:

  • A wellness center model, offering fitness facilities to attract young men as well as family planning and other services;
  • A stand-alone public health center that does regular outreach to nearby schools and communities;
  • A joint venture with the NGO Children First to provide reproductive health services to youth along with skills training, community advocacy, and tutoring;
  • A program with the YMCA in the capital Kingston to provide more than 100 street boys with reproductive counseling and education as well as condoms — as part of a wider plan to support peer leadership and parenting education; and
  • Programs linking schools and health centers at two locations in the southwestern parish of St. Elizabeth and another with an NGO partner in Kingston. The guidance counselor, the school nurse, or the peer educator discusses services available at the health centers as well as reproductive issues broadly.

 

Traditionally, young people have shunned health centers that dispense reproductive health services, despite their generally convenient locations. In a recent study they identified a number of problems at the centers.7 They referred to dirty clinics; a lack of privacy, especially for counseling about STIs; and unfriendly attitudes toward youth, especially sexually active youth. They also disliked the traditional system of serving clients by handing out numbers on a first-come, first-serve basis, rather than by appointment. On a scale of 1 to 10, the health centers received the lowest rating of 1.

“Private doctors are thought to provide the best service but are the least available due to cost,” the survey found.

Some teens have the perception that providers more willingly serve boys than girls, reflecting the social judgment that boys and young men should “sow their wild oats,” while girls and young women should be proper in their behavior. In a 1996 study, providers said they would give condoms to the boys and counsel abstinence to girls.8 Traditionally, it is only after girls become pregnant that they are seen as justifiable clients at the health centers.

For condom purchases, adolescents favor small shops for reasons of privacy and confidentiality. More than 55 percent of young men bought condoms at a pharmacy or shop, while many others got theirs from friends, according to the Adolescent Condom Survey.

“They’re not going to clinics even though they’re free there,” says McDonald of the NFPB. “I suspect in the clinics, they don’t just leave them on tables for youth to pick up, and the youngsters are not going in there to ask for them.” She recommends a focus on social marketing for condoms, targeting adolescents at the community level.

Youth.now’s Russell-Brown says many adults don’t acknowledge that few young people will simply approach a provider with a reproductive health problem. “They will come with a question about a skin problem or some other issue. But a skilled provider can, in fact, in the conversation — it’s not a counseling session yet — discover issues related to reproductive health.”

At present, teen mothers are the main adolescent users of the public-sector facilities. The Women’s Centre Foundation of Jamaica, which is funded by the government and various international agencies, is the preferred site for teens seeking contraceptive services after the births of their babies. The foundation helps girls under age 18 to continue their education during pregnancy and to return to school whenever possible. It provides other support to the girls, their parents, their babies, and the “baby fathers.”

Training Service Providers

Training has been a major plank of the effort to strengthen reproductive health care for adolescents. Core groups of some 20 individuals including clinical providers, parents and people working with groups of parents, pastors, peers, and men have undergone intensive training, with a major focus on coming to terms with their own sexuality so as to be able to cope with issues raised by teens. Subsequently, those trained have been reaching out to their own constituencies and many have been listed in a locally available directory of trainers. Russell-Brown says that the project has seen a “tremendous increase” in requests for training assistance over time.

At the health centers, staff — from the doctors and nurses to the janitors and caretakers who often play a gatekeeping role — are being trained to create a youth-friendly environment, based on the issues identified by young people. In an effort to further protect adolescents’ privacy, dental nurses and dental auxiliaries, who see school-children routinely and who are sometimes trusted with confidences, are also being trained in reproductive counseling.

This year, a second youth-friendly service site has opened in Lucea, in the western parish of Hanover, where much of the staff throughout the parish has already received some training. The first such site opened in southeastern Jamaica early in 2001. Elsewhere, in the parishes of Clarendon and St. Elizabeth, medical officers of health — the chief health executives — have asked Youth.now to develop some basic orientation and training for all staff so that all the facilities in the parishes can offer some services.

So, is the plan to certify clinics as youth friendly? Russell-Brown says that Youth.now has worked with partners to develop youth-friendly service standards and criteria that could be useful management tools. She says that any decision on certification is in the hands of the Ministry of Health’s Quality Assurance division, however. Her bigger interest is in ensuring an improvement in attitudes among providers, within the communities, and among young people themselves.

Responding to Information Needs

Communication to adolescents has been another major plank in the strategy to help adolescents adopt healthier lifestyles. Youth.now’s partner, Dunlop Corbin Communications, has been running a media campaign with separate messages for different age groups. The message to those 10 to 12 years old is one of abstinence. For the group ages 13 to 15, the message has been to abstain, but if not, to use a condom. Youth ages 16 to 19 are urged to use condoms. And all the ads, on a range of media, have urged young people to seek help by calling the “Friend’s Hotline,” run by the Jamaica Foundation for Children.

To test the effectiveness of the campaign, a follow-up survey was conducted in September 2002.9 The survey found 82 percent recall among adolescents (90 percent among adults), with 49 percent of the adolescents saying that the messages would affect their thoughts and behaviors. The message of abstinence resonated strongest with young women and with youth ages 10 to 12. The message of safe sex with the use of a condom was best received among young men, especially in the oldest group.

Whether the messages will be reflected in behavioral statistics in the next round of surveys is moot. Only about 15 percent of girls ages 15 to 19 and 5 percent of boys consider abstinence as a contraceptive method appropriate for youth. The condom and the pill are the preferred methods.10

Nonetheless McDonald stresses that information and communication are key to improving adolescents’ reproductive health. She wants the focus to be on parents, providers, and students in school, most of whom are exposed to the ministry’s Health & Family Life Education program. Critics say this program is not specific enough, starts too late (in terms of age), and is taught by teachers uncomfortable with the subject.

In another effort to provide information to adolescents, the Family Planning Board has piloted a half-hour television magazine program, using teen moderators and popular music. About 13 episodes of “Teen Scene” have been produced, with funding from the national budget. The limited production budget, however, restricts the half-hour program to air on Saturday afternoons during the summer and Christmas holidays. Condom use, emergency contraception, and sexual behavior are among the topics explored on the program.

Other educational materials under development include a series of fact sheets that Youth.now is developing for use in public education and by its advocates in the parishes. They encapsulate and simplify some of the vast amount of information on reproductive health gathered in Jamaica over the years.

“We can never fill the need for information,” McDonald emphasized.

Measuring Success

The existing research is impressive in its reach and persistence. Yet there are critics. Marjan de Bruin, the acting director of the Caribbean Institute of Media & Communication (CARIMAC) at the University of the West Indies questions whether the existing research reflects the multiple dimensions of high-risk sexual behavior. De Bruin contends that most of the research focuses on sexual intercourse itself and does not connect risky sexual behavior to its cultural context and to its social, economic, and political meanings.11

With so many interlinking issues and initiatives, one challenge has to be how to judge what is succeeding or most likely to succeed, particularly given competing demands in Jamaica’s long-stagnant economy.

Despite the challenges ahead, Russell-Brown still sees positives. She is clearly pleased with the outcome of recent evaluations from the Balaclava Health Centre in rural St. Elizabeth, the first Youth Friendly Site, initiated in March 2001.

“What we have noticed in the last year is that the number of adolescent users of the health services generally — not just for family planning — more than doubled,” she says. “For family planning, it went up by almost 60 percent. And the first thing the staff mentioned is that in fact their attitudes have changed.” With regard to the adolescent clients, some staff have said, ” ‘ee’re treating them differently; we feel different towards them. And they’re feeling more comfortable to come in and talk — about anything, not just reproductive health issues’,” according to Russell-Brown.

But just how will her project measure success?

“Success for us is going to mean that we begin to see some decline in new cases of STIs, because it’s scary. What we know is that the rate of infection is growing fastest in the adolescent age group … issues the project can’t address in the short term.”

She adds: “Success for us would be to continue to see an increase in the number of young people who are using facilities, whatever they’re going in for; to see in the 2007 Contraceptive Prevalence Survey an increase in the number of young people who tell us that their first pregnancy — they had planned it.”12


Suzanne Francis Brown is a freelance writer and communications consultant, based in Kingston, Jamaica.


References

  1. Statistical Institute of Jamaica, “Total Population by Age Group”
    (STATIN 2001), accessed online at www.statinja.com/stats.html, on April 17, 2003. The figures indicate that the 10 to 14 age group was 267,500 and the 15 to 19 age group numbered 243,700 in 2000. (Note: The 2001 Demographic Report put the 10 to 19 population at 497,909.)
  2. Hope Enterprises, Report of the National Knowledge, Attitudes, Behaviour & Practices Survey Year 2000 (Kingston, Jamaica: Hope Enterprises, 2001). The survey notes that 54 percent of the male respondents ages 15 to 19 had multiple partners in the previous 12 months, as did 16.5 percent of the young women. The Adolescent Condom Survey 2001 found 4.7 percent males ages 15 to 19 and 11.7 percent females had been forced at first sex; and 14.5 percent males and 28.5 percent females have ever had forced sex. Knowledge of sexual and reproduction, as measured in the Advanced Training & Research in Fertility Management Unit baseline study (2001) in the parish of St. Elizabeth found that more than 85 percent of teens knew about contraception, but few used it at first sex. Studies have also looked at parental presence in the home, church and club attendance, as well as developmental supports such as self-awareness, communication skills, and caring support systems.
  3. Hope Enterprises, Report of the Adolescent Condom Survey Jamaica, 2001 (Kingston, Jamaica: Hope Enterprises, August 2001). This survey was commissioned by the United States Agency for International Development’s Commercial Market Strategies project. The study found that the mean age at first sexual experience for adolescents ages 15 to 19 was reported as 13.2 years for males and 15.2 years for females. Some social context should be noted — boys may feel that they gain social credit from reporting early sexual activity, and girls by reporting later sexual activity.
  4. Elizabeth Eggleston, Jean Jackson, and Karen Hardee, “Sexual Attitudes and Behavior Among Young Adolescents in Jamaica,” Family Planning Perspectives 25, no. 2 (June 1999), accessed online at www.guttmacher.org/pubs/journals/2507899.html, on April 17, 2003.
  5. Jamaica Ministry of Health, National HIV/STD Prevention & Control Program, Facts and Figures: Jamaica AIDS Report, 2001, accessed online at www.jamaicanap.org/aids2002.htm, on April 17, 2003.
  6. National Centre for Youth Development, Adolescent and Youth-Serving Organisations in Jamaica: Results from the Youth Programmatic Inventory Survey of the National Centre for Youth Development (Kingston, Jamaica: National Centre for Youth Development, 2002). An inventory of 141 organizations that serve youth found that youth constituted 24 percent of clients; that two-thirds of services for youth are for young women, most over 15 years. The survey found that 23 percent of those focusing on health for youth were NGOs.
  7. Cate Lane et al., Nine-Tenths of Reality (Kingston: Youth.now, May 2002).
  8. Carmen McFarlane et al., The Quality of Jamaica Public Sector and NGO Family Planning Services: Perspectives of Providers and Clients (Research Triangle Park, NC: Family Health International, 1996).
  9. Hope Enterprises, Youth.now Advertising Recall Survey (Kingston, Jamaica: Hope Enterprises, September 2002).
  10. Hope Enterprises, A Report of the Adolescent Condom Survey Jamaica, 2001.
  11. Marjan de Bruin, Teenagers at Risk (Kingston: Youth.now, 2002).
  12. C.P. McFarlane et al., Reproductive Health Survey 1997, Jamaica: Final Report (Atlanta: Centers for Disease Control and Prevention, 1999). Some 13 percent of mothers ages 15 to 19 who gave birth in the previous five years said the birth was planned.
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Caribbean Countries Pay for Successfully Addressing Population Issues

(April 2002) In a move that marks the Caribbean’s success in various spheres of socioeconomic activity, international funding agencies are reducing their financial support for the region’s sexual and reproductive health programs. The move could adversely affect the delivery of population services — including those designed to stop the spread of HIV/AIDS — unless alternate sources of funding are found.

The United Nations Population Fund (UNFPA), the International Planned Parenthood Federation (IPPF), and the World Bank have all signaled that the region has achieved success in socioeconomic development (including various population activities) and therefore should not continue to receive current levels of assistance. As a result, some countries will see their assistance phased out altogether while others will have their funding reduced over time.

Population Characteristics

This process of “graduation” from international assistance follows achievements in addressing a number of population problems. Infant mortality, birth rates, and population growth have declined during the last decade or so and the decline has been rapid in some cases.1 As a consequence, population growth has slowed while life expectancy at birth continues to rise.

Total fertility rates (TFRs) are expected to decline significantly for most countries over the next decade. In Belize, for example, the average number of children per woman is estimated to decline by more than 58 percent — from 5.4 in 1980-1985 to 2.6 in 2005-2010. A decline of some 53 percent is projected for Trinidad and Tobago, with the TFR dropping from 3.2 to 1.6 during the period.2 Haiti recorded the highest number of children per woman during 1980-1985 with 6.2, but this number is expected to decline by 40 percent (to 3.6) by 2005-2010.

Crude death rates or deaths per 1,000 people are also declining in the region. Countries estimated to record the highest declines during the periods 1980-1985 and 2005-2010 include Haiti (a 42.7 percent decline), Belize (35.1 percent), Guyana (23.9 percent), and the Dominican Republic (23.5 percent).

As a direct consequence of this declining mortality (from all causes of death including AIDS), life expectancy at birth has been increasing. Guadeloupe is estimated to record the highest life expectancy at birth of 76.0 years (males) and 82.5 years (females) during 2005-2010, an increase of 10.3 percent for men and 8.3 percent for women over the figures for the 1980-1985 period. Haiti (18.2 percent for males and 17.8 percent for females) is projected to record the highest percentage change in life expectancy during the 1980-1985 to 2005-2010 period, although the actual life expectancy at birth is estimated to be a modest 59.8 years for males and 62.8 years for females during 2005-2010.3

In line with declining fertility and mortality and limited net international migration, population growth rates are expected to remain low in the Caribbean.4 Cuba is expected to record the highest decline in the population growth rate, going from 0.8 percent during 1980-1985 to 0.3 percent during 2005-2010 — a nearly 63 percent drop. Estimates for Trinidad and Tobago show the growth rate falling from 1.7 percent during 1980-1985 to 0.5 percent in 1995-2000, before rising slightly to 0.7 percent in 2005-2010. The growth rate for the Dominican Republic is expected to go from 2.3 percent in 1980-1985 to 1.3 percent during 2005-2010, while in Jamaica the rate is expected to decline from 1.5 percent to 0.9 percent.

The Price

This overall success is costing the Caribbean international support for its population activities. UNFPA prioritizes and allocates funds to developing countries according to population needs. Most Caribbean countries have been placed in category B in the last five years (mid-level need) and slated for funding reduction, while the Bahamas and Barbados have been placed in category C (low-level need) and slated for a funding phase out.5

Many international agencies use the UNFPA classification to make funding decisions. The IPPF has announced its decision to phase out funding for some Caribbean countries and drastically implement a phased reduction in funds for many others. While the IPPF decision is also the result of a reduction in funding from the Federation’s own donors, other international agencies may follow suit. These cuts are expected to have a far-reaching impact. Until recently, for example, many Caribbean family planning programs received a substantial amount of funding from the IPPF.

While some governments already provide support for these programs, many are unlikely to be able to meet the funding shortfall. Governments such as Barbados and Trinidad and Tobago already spend substantial amounts of funds on their countries’ family planning programs. Others, including Grenada and Antigua and Barbuda, allow family planning associations to import supplies without customs duties and offer other non-cash concessions.

Emerging Population Issues

While the UNFPA reclassification was based on demographic data in the early to mid-1990s, new population challenges are emerging in the region. Notable among them are population aging, HIV/AIDS, and the need to sustain the levels of fertility, mortality, population growth, and related achievements that resulted in the reclassification.

Population Aging

Falling fertility and mortality and increasing life expectancy at birth provide a good mix for population aging and for increases in the proportion of older people in the population. The proportion of the population 65 years of age and older is expected to increase throughout the region between 1990 and 2020. In the Bahamas, where the largest percentage change is expected to occur, the proportion of the population 65 years old and older is expected to increase from 4.6 percent to 9 percent over the 30-year period. Cuba and Guyana are also expected to record massive changes in the proportion of older people.6 For Cuba, the proportion will increase from 8.4 percent to 15.8 percent. In Guyana the proportion of older people is expected to increase from 3.4 percent to 7.0 percent.

The increasing proportion of older people in the population brings with it a host of socioeconomic issues that will have to be addressed by these countries, including increased demand for health care, housing, recreation, transportation and other geriatric services and programs, with inherent implications for funding.

HIV/AIDS

The Caribbean has the second highest prevalence rate of HIV/AIDS in the world (2.2 percent) after sub-Saharan Africa (8.4 percent). While there are wide variations in the region, the largest number of people living with HIV/AIDS is found in Haiti where 200,000 adults ages 15-49 and 5,200 children under 15 years have the virus (see table below).


Table 1
Estimated Number of People Living with HIV/AIDS and Deaths by Country, 1999

People living with HIV/AIDS Deaths
Country Adults (15-49) Adult HIV prevalence rate Women (15-49) Children (0-15) All ages
Bahamas 6,800 4.13 2,200 150 500
Barbados 1,700 1.17 570 <> 130
Belize 2,400 2.01 590 <> 170
Cuba 1,950 0.03 450 <> 120
Dominican Republic 130,000 2.80 59,000 3,800 4,900
Guyana 15,000 3.01 4,900 140 900
Haiti 200,000 5.17 67,000 5,200 23,000
Jamaica 9,700 0.71 3,100 230 650
Suriname 2,900 1.26 950 110 210
Trinidad & Tobago 7,600 1.05 2,500 180 530

Source: Compiled from UNAIDS and WHO Epidemiological Fact Sheets.


The Dominican Republic follows Haiti with 130,000 adults and 3,800 children living with HIV or AIDS. Countries with moderate numbers of people living with HIV/AIDS include Guyana with 15,000 adults and 140 children, Jamaica with 9,700 adults and 230 children, Trinidad and Tobago with 7,600 adults, and the Bahamas with 6,800 adults and 150 children. Barbados, Cuba, Belize, and Suriname have the fewest people living with HIV/AIDS (see table above).

AIDS-related mortality is low in the Dominican Republic and moderate to high in the other countries, especially Haiti. The largest number of AIDS deaths in 1999 occurred in Haiti (23,000 deaths) and this constituted 11.2 percent of the total number of people living with the disease that year (see table above). The Dominican Republic recorded the second largest number of deaths with 4,900, but this constituted the lowest proportion of deaths of only 3.7 percent. Death proportions from AIDS were moderately higher in Cuba (5.6 percent) and Guyana (5.9 percent). The numbers were higher in the Bahamas (500 and 7.2 percent), Barbados (130 and 7.2 percent), Suriname (210 and 7.0 percent), Trinidad and Tobago (530 and 6.8 percent), and Belize (170 and 6.8 percent).

Most local family planning associations have been dealing with HIV/AIDS prevention at the grassroots level, including through programs in schools and through community outreach projects. According to the Barbados Ministry of Education, sexual activity is rife among school children in the country: children as young as 9 years old are involved in such activity, increasing their risk of contracting sexually transmitted infections, including HIV.7 A survey of family planning associations indicates that many would cut services if the shortfall from declining international funding is not found elsewhere.8 HIV/AIDS services are likely to be curtailed as part of these overall service cuts.

In the meantime, governments in the region are setting up national advisory councils and national commissions on AIDS as they try to curb the epidemic’s spread and impact. Caribbean Community (CARICOM) members have also agreed to adopt a regional approach to tackling HIV/AIDS, and discussions are afoot among member states about how this regional approach would be funded and implemented. The role of the family planning associations in this new approach is unclear at this stage, but it is hoped that they would be funded to continue work at the grassroots level since they have the potential to contribute significantly to any anti-AIDS efforts.

Conclusion

The Caribbean’s success in addressing population issues was achieved with a certain level of funding, without which the gains may be lost. The end of preferential trade status with the European Union, globalization, and trade liberalization, as well as fall out from the September 11 attacks on the United States (especially in relation to tourism) are adversely affecting revenues, and there can be no guarantee that the Caribbean countries will continue to maintain their current levels of income generation and economic growth. Some of the more developed countries in the region, such as Barbados, are technically in a recession (having recorded a third consecutive year of declining economic growth).9

The problem is exacerbated by competition from other sources of government expenditure, and it is most unlikely that many governments will be able to meet the shortfalls in international funding. The results could be devastating for the region in view of the emerging population issues and the need to sustain levels of success.


David Achanfuo Yeboah is senior fellow and inter-campus coordinator of the Special Studies and Research Methods Unit at the Sir Arthur Lewis Institute of Social and Economic Studies, the University of the West Indies, in Cave Hill, Barbados.


References

  1. 1. D. A. Yeboah, “A Demographic Profile of the Caribbean,” CARICOM Perspectives, no. 70 (2001): 104-105.
  2. United Nations Economic Commission for Latin America and the Caribbean (ECLAC), Statistical Yearbook for Latin America and the Caribbean (Santiago: ECLAC, 1999); and Yeboah, “A Demographic Profile of the Caribbean.”
  3. ECLAC, Statistical Yearbook for Latin America and the Caribbean.
  4. D.A.Yeboah, “A Demographic Profile of the Caribbean.
  5. D.A. Yeboah, “Strategies Adopted by Caribbean Family Planning Associations to Address the Challenges of Declining International Funding,” International Family Planning Perspectives (forthcoming, June 2002).
  6. ECLAC, Statistical Yearbook for Latin America and the Caribbean; and Yeboah, “A Demographic Profile of the Caribbean.”
  7. Barbados Ministry of Education, A Survey of Sexual Behaviour Among School Children (Bridgetown: Ministry of Education, 2001); and Ruben del Prado, United Nations Press Conference on AIDS, Port-of-Spain, Trinidad and Tobago, December 7, 2001.
  8. D. A. Yeboah, “Strategies Adopted by Caribbean Family Planning Associations to Address the Challenges of Declining International Funding.”
  9. “Third Year of Decline: Report of the Governor of the Barbados Central Bank,” Nation (Barbados), January 31, 2002.<.li>
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Jamaica Reproductive Health Survey 1997: Main Findings

(August 1998) This summary of the 1997 Jamaica Reproductive Health Survey reports on recent trends in fertility, trends in contraceptive use, fertility intentions, fertility and contraception among teenagers, and contraceptive supplies and services.