Abstract crowds of people with virtual reality street display

8 tendances démographiques à suivre alors que la population mondiale dépasse les 8 milliards d'habitants

Voici huit questions démographiques émergentes qui, selon nous, vont façonner notre monde au cours des prochaines décennies.

Ce 15 novembre, jour où la population mondiale totale devrait atteindre 8 milliards de personnes, PRB et le Consortium régional pour la recherche en économie générationnelle (CREG) se joignent aux autres pour mettre en lumière 8 tendances et questions démographiques notables. Bon nombre des événements démographiques qui se produiront au cours des 15 prochaines années, entre ce nouveau seuil de 8 milliards d’habitants et celui de 9 milliards prévu en 2037, sont déjà déterminés par l’élan démographique. Durant cette période, la population de l’Inde dépassera celle de la Chine, et la RDC et l’Éthiopie intégreront la liste des dix pays les plus peuplés au monde. Plus de 50 nouveaux pays verront leur taux de fécondité passer sous le seuil de remplacement. Les taux de fécondité continueront à baisser, et les crises induites par le changement climatique renforceront les migrations dans le monde entier. Connaître les changements à venir nous permet d’investir aujourd’hui pour mieux nous préparer à demain. Voici quelques-unes des questions démographiques émergentes qui façonneront notre monde au cours des prochaines décennies :

  1. Le changement climatique met à nu les inégalités sociétales et les populations incapables de migrer en cas de crise nécessiteront une plus grande attention. Il est généralement admis que le changement climatique entraînera des migrations au sein et entre des pays. Mais toutes les populations n’ont pas les moyens de déraciner leur vie en réponse aux crises climatiques, et les groupes les plus vulnérables sont souvent laissés pour compte. Même si les « migrants climatiques » ont fait l’objet d’une grande attention au niveau mondial, il faut faire plus pour renforcer la résilience des communautés incapables de migrer pour se mettre à l’abri du danger.
  2. Pour de nombreux pays avec une population jeune, la « fenêtre d’opportunité démographique » s’ouvre entre aujourd’hui et 2050. Le passage de la fécondité d’un niveau élevé à faible ouvre une fenêtre d’opportunité pour une croissance économique durable. Cette fenêtre est limitée dans le temps et se referme à mesure que la structure d’âge mûrit et que les adultes plus âgés représentent une part plus importante de la population. Pour certains pays, cette fenêtre peut ne s’ouvrir que pour une période de 10 à 15 ans, tandis qu’une analyse de six pays du Sahel suggère une fenêtre de 30 à 40 ans. Les mesures prises par les pays à l’approche de cette fenêtre d’opportunité sont susceptibles d’avoir des effets économiques sur le long terme.
  3. Avec le vieillissement de la population mondiale, il est essentiel de comprendre les divers besoins des adultes plus âgés et leurs contributions aux familles et à la société afin d’informer les décisions politiques pour une aide efficace aux personnes âgées. Le vieillissement de la population est déjà une tendance démographique déterminante de ce siècle, et les gouvernements du monde entier s’efforcent de mettre en place et de financer des systèmes destinés à favoriser le bien-être des personnes âgées. Mais ces structures doivent refléter les différences substantielles de qualité de vie au sein de ce groupe ; par exemple, les femmes vivent généralement plus longtemps que les hommes, mais avec plus de maladies et moins de sécurité financière. Si l’on se concentre moins sur l’âge chronologique des personnes âgées mais davantage sur la diversité de leurs caractéristiques, les décisions relatives aux systèmes de protection sociale seront plus efficaces.
  4. Les maladies non transmissibles seront les principales causes de décès partout dans le monde d’ici 2030, et les systèmes de santé doivent être prêts. Certains systèmes de santé nationaux, ainsi que de nombreux donateurs en matière de santé mondiale, ne sont pas organisés pour répondre à un tel changement de la charge de morbidité, où les maladies non transmissibles telles que les maladies cardiovasculaires, le cancer et le diabète surpasseront les maladies infectieuses en tant que principaux facteurs de mortalité. Face à la fragilité des systèmes de santé révélée par la pandémie de COVID-19, une attention et des investissements accrus pour prévenir et lutter contre les maladies non transmissibles sont nécessaires immédiatement.
  5. Les changements démographiques et sociétaux contribueront au risque de pandémies futures et doivent être pris en compte dans l’agenda de sécurité sanitaire mondiale. Les scientifiques et les dirigeants du monde entier continuent à évaluer les leçons et les recommandations issues de la crise de la COVID-19 afin d’informer la prévention et l’atténuation des futures pandémies. Toutefois, les nouvelles recommandations ne tiennent pas suffisamment compte des facteurs démographiques susceptibles de contribuer au risque d’émergence d’une zoonose (maladie se propageant des animaux aux humains), notamment l’urbanisation et les migrations internes, les changements de lieux pour l’approvisionnement alimentaire et l’évolution des normes de genre. La pandémie de COVID-19 montre que ces facteurs démographiques et sociétaux peuvent jouer un rôle central dans l’émergence et l’impact des nouvelles maladies et doivent être pris en compte dans les efforts de prévention des pandémies.
  6. La justice reproductive doit être une priorité, même si la fécondité continue de baisser dans le monde. Avec un taux de fécondité baissant en dessous du seuil de remplacement dans un nombre croissant de pays, les dirigeants peuvent considérer le déclin démographique comme une menace. Les défenseurs des droits humains doivent continuer à demander aux décideurs politiques d’aider les femmes et les couples à atteindre leurs idéaux de fécondité, qu’ils désirent beaucoup d’enfants ou aucun. Plutôt que de soutenir des mesures incitatives simplistes et peu efficaces, telles que des transferts monétaires ou des restrictions odieuses de la liberté de procréation, les responsables politiques doivent s’attaquer aux barrières sexospécifiques, culturelles et économiques qui influencent les préférences en matière de fécondité et amènent les femmes à faire des compromis entre avoir le nombre d’enfants qu’elles souhaitent et poursuivre d’autres opportunités.
  7. L’Afrique connaîtra une confluence de ces événements démographiques, y compris des changements significatifs dans la structure d’âge de la population, l’urbanisation, le déplacement de la charge de morbidité et la probable migration climatique. Pour se préparer à ces événements, les dirigeants doivent se préoccuper du bien-être de la population jeune en plein essor de la région en exploitant le premier dividende démographique grâce à des investissements complémentaires dans la santé, l’éducation, la gouvernance et l’économie. En outre, les populations relativement jeunes de l’Afrique subsaharienne peuvent masquer le fait que le nombre absolu de personnes âgées dans la région devrait presque tripler au cours des trois prochaines décennies. Les dirigeants doivent anticiper l’évolution vers une population vieillissante en réalisant des investissements adéquats dans les systèmes de protection sociale des personnes âgées.
  8. Aux États-Unis, des investissements urgents sont nécessaires pour favoriser de meilleures perspectives pour les jeunes adultes, qui sont moins bien lotis à bien des égards par rapport à la génération de leurs parents. Les taux de mortalité stagnent ou augmentent dans tous les groupes d’âge de moins de 25 ans, la pauvreté, la race/l’ethnie et l’éducation des parents étant identifiés comme des facteurs de risque importants. Les jeunes adultes ont été touchés de manière disproportionnée par les retombées économiques de la pandémie de COVID-19. La réduction de l’accès à l’avortement suite à la décision Dobbs va éroder davantage le bien-être d’une génération de femmes entrant dans l’âge reproductif. Ensemble, ces déclins du bien-être des jeunes représentent une crise méritant une réponse politique nationale solide, incluant des investissements urgents pour réduire la pauvreté infantile, s’attaquer aux barrières raciales et ethniques à l’accès aux soins de santé, et élargir de manière significative la disponibilité des ressources de prévention et de traitement de la santé mentale et de la toxicomanie.